Le Vieux Banc au Soleil
Par Thomas Maréchal
En cette fin du mois d’octobre, nous aurions pu parier sur un temps de Toussaint, gris et humide. Mais non, la nature en a voulu autrement et nous voici sous les tropiques depuis plusieurs jours avec grand ciel bleu, soleil à gogo et température quasi estivale. Nous profitons donc de cette arrière saison hors du commun pour prolonger les sorties en mer avec Calypso 3 et faire quelques plongées sur des sites que nous n’avons plus l’habitude de visiter.
Aujourd’hui, direction Le Vieux Banc à environ 45 minutes de navigation du port des Bas Sablons, plein Ouest. Pierre est à la Barre et Jean Luc fait le moussaillon, tout en préparant les palanquées. Nous ne sommes pas très nombreux sur le pont, mais pour un dimanche après midi, jour de Salon « Quai des Bulles » à Saint Malo, être 10 à venir mouiller nos combinaisons dans une eau à 14/15 °c, c’est déjà pas mal !
Arrivés sur site, nous attendons l’étale de marée basse en dégustant nos sandwichs et autres victuailles « maison ou industrielles ». Point d’apéro ce midi, tout au moins pas avant la plongée, nous aurons bien l’occasion de narcoser pendant et après. Donc, sobre comme des chameaux, nous commençons à préparer nos équipements et pour certains les appareils photo, flashs et éclairage d’appoint.
Une petite houle nous ballotte doucement et le courant semble ne pas vouloir se calmer ; y aura-t-il une pause pour nous permettre de plonger sans forcer sur les palmes ? Par prudence, Jean Luc et Lionel installent une ligne de vie qui part du mouillage, longe la coque du bateau et se poursuit sur une bonne trentaine de mètres à l’arrière dans le jus. A l’heure théorique de la marée, Lionel se jette à la baille pour tester le courant ; il reste très fort et la prudence nous invite à patienter encore un peu. Un quart d’heure plus tard, re-bouillon et vaille que vaille, nous sautons tous à l’eau à intervalle régulier de 3 à 4 minutes par palanquée. Ma foi, la ligne de vie est encore bien utile et nous permet de rejoindre la chaine sans risquer l’essoufflement dès la surface. Nous allons vers le fond et touchons rapidement la tête de roche à seulement 6 mètres de la surface. Pierre, qui avait tourné pendant un bon quart d’heure pour trouver le mouillage parfait, est tombé pile poil. La pioche est fixée en appui sur une roche vers 12 mètres, longeant une bonne partie du tombant et tient grâce à la puissance du courant qui pousse le bateau. La première palanquée a pris le soin de fixer à l’ancre un parachute de relevage qui pourra être gonflé par les derniers avant qu’ils ne prennent le chemin du retour. Précaution toujours utile si l’on veut éviter qu’une palanquée ne soit obligée de redescendre au fond pour décoincer une ancre bloquée dans les caillasses.
Notre plongée se déroule entre les laminaires, les failles et les éboulis à scruter les roussettes en nombre, les vieilles orangées, les tacots, un petit congre, quelques homards un peu craintifs, un petit dormeur, une seiche qui se prête à une séance photos pour le plus grand plaisir de Ronan. Certains nous disent avoir vu une petite langouste, qui nous a échappé. Après une cinquantaine de minutes au fond, il nous faut revenir à l’air libre, même si nos blocs sont encore bien chargés.
En surface, comme par moins 15 mètres, le courant est toujours aussi présent et notre fameuse ligne de vie nous évite bien des tracas. La remontée à bord se déroule sans difficulté et le soleil encore à son zénith nous réchauffe la couenne en douceur.
Tout le monde étant maintenant de retour, nous prenons le chemin du port en profitant des cookies de Magalie et des thés aromatisés des uns et des autres. De même, les cakes pur beurre viennent arrondir nos bourrelets déjà bien formés. La navigation vers Saint Malo se déroule sans difficulté côtoyant de-ci, de-là des voiliers en goguette toutes voiles dehors.
La cale du Naye nous accueille avec son lot de plaisanciers en pleine opération de remorquage, de vidage et nettoyage de seiches, de pêche à la ligne… Nous accostons rapidement, déchargeons nos petites affaires et hop, retour au ponton. Les parkings sont noirs de monde ; il faut dire que le temps magnifique, le week end des vacances de Toussaint et le salon Quai des Bulles ont attiré les foules ! Notre choix de profiter de la mer était tout aussi bon et sans doute moins hasardeux que de vouloir une place de stationnement gratuite à Saint Malo ce dimanche après midi.
Photos Ronan Colin