La Samba, vous connaissez ?
Nan, pas la danse du ventre brésilienne !! 🙂
Je veux parler du petit nom qu’on donne à la « Perte de Contrôle Moteur » la PCM !
Kesako ? Hé bien pour nous autres plongeurs apnéistes, c’est l’un des dangers de notre sport !
L’actualité récente de nos entrainements, nous poussent à vous en parler :
Mieux connaitre c’est mieux prévenir …
Alors c’est quoi une Samba ?
Ce n’est pas une syncope … mais pas loin !
Ces vidéos vous donneront un aperçu de PCM / syncopes plus ou moins sévères …
Qu’est-ce qui se passe ?
Comme tout le monde a suivi le topo « physiologie de l’apnée » d’octobre, tout le monde se souvient qu’en apnée, nos ressources en Oxygène ne sont pas illimitées …
Après une longue apnée, lorsqu’on approche de trop près ses limites (avec de l’entrainement il est mentalement possible de repousser ses limites et de « laisser passer » les signaux physiologiques de « besoin de respirer ») le corps qui se sent menacé va mettre en place des stratégies de réduction de consommation d’énergie. Dans la plupart des cas, c’est la syncope ; le corps décide seul, et sans aucun signe annonciateur, de couper les dépenses énergétiques superflues, en basculant dans l’inconscience. Ainsi plus aucun muscle consommateur n’est sollicité. Seul le cœur continue de battre afin d’alimenter le cerveau du peu d’Oxygène restant dans le sang.
Mais il arrive parfois que le corps réagisse par une Samba. En général ça se passe juste après la sortie de l’eau, quand l’apnéiste essaie de reprendre sa première ventilation. Le corps et les muscles en particulier, ne répondent plus à la volonté de l’individu. Son cerveau a commencé à basculer dans l’inconscience. Il s’en suit des mouvements musculaires incontrôlés qui font penser à une … Samba !
Et c’est dangereux une Samba ?
Ben oui et non …
Si l’apnéiste reste avec les voies aériennes hors de l’eau … pas de problème immédiat. La ventilation va reprendre naturellement, et le retour de l’intégrité physique, de la conscience et de la mémoire aussi.
Sans contrôle de ses muscles, l’apnéiste pourrait se retrouver involontairement la tête dans l’eau, et inspirer de l’eau dans ses poumons. C’est là où l’incident peut basculer en accident et en noyade ! C’est d’autant plus vrai pour la syncope !
Dans l’état actuel des connaissance médicales nous ne savons pas si il y a des séquelles après une Samba. Ça n’empêche que ce n’est certainement pas anodin. Le cerveau étant un organe sensible il est très probable que de nombreux neurones soient « grillés » par ce traumatisme !
A retenir ! Pendant la Samba, la mémoire ne fonctionne plus très bien non plus, et en général la « victime » a une sorte de trou noir durant cette phase, et a tendance à réfuter l’incident. Il faut lui expliquer calmement ce qui vient de se passer.
Après une Samba, l’apnéiste doit sortir de l’eau et l’entrainement est terminé pour lui ce jour là. L’apnéiste à qui ça arrive expérimente ce comportement inconnu de son corps, et peut naturellement être inquiet pour sa santé et son intégrité mentale et physique.
C’est pour cela qu’il est indispensable d’accompagner la victime et de dialoguer avec lui après l’incident, à la douche, dans les vestiaires. Il n’est pas rare de voir des propos et des comportements incohérents dans cette période.
Tout ça pour dire quoi ?
Tout ça pour dire que la Samba ou la syncope, ça ne prévient pas !
Et que l’apnée, ça se pratique au moins à 2 !!
La surveillance en binôme c’est un minimum !
C’est votre binôme qui vous sauvera la vie !
La confiance que vous donnez à votre binôme vous permettra de mieux vous relâcher et de progresser !
Bien Chef !
Alors quand on vous demande de vous surveiller, c’est vital !
La surveillance doit être constante, proche de l’apnéiste, et dure encore plusieurs secondes après la sortie de l’eau. Les moniteurs vous redonnent ces consignes de surveillance à chaque exercice; respectez-les !
Si je dois sauver mon binôme que dois-je faire ?
Il faut donc être très vigilant et observer le comportement sous l’eau et à la sortie de l’eau; les yeux, les traits et la couleur du visage de l’apnéiste sont à observer systématiquement.
Et si vous avez un doute, foncez !
- remontez le en surface en évitant qu’il n’avale de l’eau
- en surface aidez le à se maintenir la tête hors de l’eau
- enlevez son masque (et son lestage)
- parlez lui énergiquement en l’encourageant à respirer
- soufflez lui sur le visage (ou faire 2 brefs bouches à nez en cas de syncope)
- prévenir l’entourage direct pour obtenir de l’aide
- ramenez la victime au bord
- la sortir de l’eau et l’aider à reprendre ses esprits sans brusquerie
- il doit se reposer (assis ou allongé) plusieurs minutes avant de bouger à nouveau
- PREVENIR l’encadrant !
Et la séance sécu alors ?
Nous faisons un entrainement sécurité tous les ans … pour apprendre et pratiquer les gestes qui sauvent. Si vous ne l’avez pas suivie, parlez en à votre moniteur…
Sinon le mieux est de suivre la formation RIFAA – Réaction et Intervention Face à un Accident en Apnée. Nous essayons de le proposer tous les ans.
Mieux se préparer, c’est mieux prévenir !!
Bonnes apnées en toute sécurité !
Signé, Tangui