Alors que nous venons de subir les foudres de la météo automnale depuis presque deux semaines, avec vent, pluie, froidure et avis de grand frais au large, rien ne présageait la journée en mer que nous venons de vivre. Hier soir à l’heure de l’apéro, les échanges portaient sur les prévisions météo du jour avec des perspectives limites. Les sites internet spécialisés pronostiquaient pour ce samedi un vent de Nord Ouest de force 3 et une houle d’environ 50 cm. Bernard, notre pilote, avait confirmé la sortie, envisageant dans sa tête, plusieurs sites de plongée en fonction des réelles conditions de mer. Assez confiant dans le bonhomme qui connait la baie comme sa poche, nous sommes une petite vingtaine de doux dingues à nous être inscrit pour mouiller nos combinaisons néoprènes.
Ce matin, le temps est au calme, le soleil brille, le vent est tombé et la température de l’air est assez frais. Rien ne nous avait préparer à ces conditions très clémentes pour cette arrière saison. Au port, nous constatons que la mer est très calme ; certains diraient même une mer d’huile ! Nous embarquons tranquillement et préparons notre bardas dans la bonne humeur. Sans tarder, car l’heure c’est l’heure, nous prenons le large, direction le site du Vieux Banc. La navigation est très agréable et nous mettons une petite heure pour arriver sur zone. Le mouillage est assuré avec dextérité juste sur la tête de roche que l’on distingue lorsque le clapot joue avec les laminaires. Au sondeur, la profondeur à cet endroit n’est que de 2 à 3 mètres pour descendre au plus bas à environ 25 mètres.
Bernard nous explique le site et nous prévient qu’il est très facile de ce tromper dans l’orientation et le retour au mouillage. Il faut dire que plusieurs têtes de roches se ressemblant beaucoup se succèdent, ainsi que de nombreuses failles, des petites saillies, des éboulements et des bancs de sables tout à fait identiques les uns des autres. La sécurité surface est bien assurée et une bouée est larguée à l’arrière du bateau pour permettre aux malchanceux s’étant trompés dans leur orientation de se haler au bout et ainsi s’aider pour revenir au navire.
Sans plus tarder, les palanquées se mettent à l’eau et chacun y va de sa direction. La faune est bien présente avec des roussettes, des lieux, des vieilles tachetées oranges de belle taille, des bancs de tacauds, des homards et dormeurs, de belles crevettes dans leur trou, des lièvres de mer, des coquilles Saint Jacques… Coté flore, nous observons de belles laminaires, des gorgones oranges, des spirographes. Enfin coté déchets, chacun a pu remonter de vieux plombs de pèche, des leurres perdu par les pèchous, une cannes à pèche tombée à la baille… Il est clair que ce site de plongée est magnifique, mais aussi très prisé des pêcheurs à la ligne qui y perdent par mal de matériel.
Pour ce qui est des pertes, nous n’avons pas fait mieux. En effet, peu de palanqués ont retrouvé le mouillage et la foison de parachute émergeant des abimes à quelques encablures du bateau en est bien la preuve. D’autres ont encore fait plus fort, ils se sont perdu sous l’eau et ne se sont jamais retrouvé. Il faut dire que l’eau était un peu vert et que la visibilité à 5 mètres pouvait être trompeuse à certains moments. Donc, comme le prévoit les consignes apprises de longue date, une fois perdu les membres de la palanqué doivent remonter en surface et attendre le binôme manquant. Sauf que là, les deux binômes ont refait surface à quelques instants d’intervalle sans se voir ; l’un est redescendu au fond dès fois que son compère était encore en bas. Mais rien ! Retour en surface ; personne une nouvelle fois ! Signe OK à la sécu surface du bateau. Gros malin et contre toute attente, redescente au fond pour de nouveau chercher son binôme. Toujours rien ! Retour au mouillage seul pour une fin de plongée entre tension et impatience. Une fois au bateau, le compère est là dans le zodiac qui était parti chercher le premier, mais trop tard ne l’avait pas trouver. Enfin tout est bien qui fini bien. Cette expérience servira et nous fera un bonne leçon d’humilité et de respect des consignes : quand l’on perd son binôme, on attend 30 secondes / une minute au fond, on remonte et on attend ! On ne redescend pas chercher son compagnon d’infortune au risque d’un sur accident.
De retour sur le pont du Calypso III nous profitons de cette belle journée pour manger quelques gâteaux, boire du thé antillais (au rhum) bien chaud et nous raconter nos aventures sous marines. Aujourd’hui la chance était avec nous, aussi bien pour le calme et la quiétude de la météo, que pour les orientations hasardeuses et les légères tentations autonomistes. Contre toute attente, ce fut une belle journée d’automne ! Qui l’eut cru ?