Normalement, tout était prévu pour reprendre la mer au début du mois de mai. Les équipements avaient été vérifiés, la combinaison bien sèche de tout l’hiver a été ré-enfilée à sec, histoire de se rassurer sur les méfaits de cette longue période d’abstinence, le bloc a passé avec succès les épreuves du TIV, le certificat médical annuel est à jour et l’agenda familial est compatible avec celui du CSCE. Malheureusement, la météo capricieuse du long week end de la Fête du travail en a voulu autrement. Vent et houle annoncés par les sites de la météo marine nous ont convaincus qu’il n’était pas prudent de prendre la mer a cette période. Nous voila donc contraint de ronger notre frein encore quelques semaines.
Cette fois, la messe est dite ! La météo est au rendez vous en ce long week end de Pentecôte, et la foule est prévue à Saint Malo pour le festival des Étonnants Voyageurs. Pour la Calypso III, le programme est chargé. Bernard, Lionel et Jean Pierre ont prévu une sortie Handi samedi après midi, alors que Jean Luc et Christophe prendront la relève pour une plongée dominicale ensoleillée.
Les prévisions de stationnement sur le quai de la cale du Naye étant plutôt défavorables, une grande partie des moussaillons a pris le partie d’embarquer depuis le port de plaisance des Bas Sablons. Le parking est asez vaste et encore largement disponible à cette période de l’année. Une partie de la zone reste un peu encombrée de bateaux en hivernage, mais nous arrivons quand même à poser nos véhicules sans trop de difficulté. Alors que nous montons à bord avec tout notre bardas, nous croisons plusieurs plongeurs de l’intérieur qui ont organisés un week end sur la cote et reviennent de leur première plongée du matin. Ils ont l’air heureux de leur sortie et près pour une série de plongées malouines dont ils se souviendront longtemps. De notre coté, ce sont aussi les retrouvailles pour certains qui ne se sont pas vu depuis plusieurs semaines. Le plaisir de se revoir sur le pont de notre navire amiral est partagé par tout le monde. Rapidement, nous préparons nos équipements et vérifions que tous est bien en place. Départ pour la cale du Naye et récupération tranquille des équipiers manquant. Gérard, qui n’a pu mobiliser son épouse pour le conduire au quai, vient déposer son matériel et décide de repartir de suite aux Bas Sablons. Pour le récupérer, Bernard sort l’annexe et file du coté des pontons chercher notre vieux compagnon de route. Après avoir embarqué Jean Michel et contrôlé que tout le monde était bien à bord, Lionel prend la barre et nous prenons la mer, sans oublier de récupérer les deux aventuriers des pontons. Direction le site des Courtis à quelques encablures de l’île de Cézembre. A peine sortie du port que nous découvrons un vieux gréement toutes voiles dehors de tout splendeur. Nous en prenons plein les yeux.
Sur le chemin, nous faisons une pause dans la petite anse du Grand Jardin, juste au pied du phare. Poséidon nous observe depuis le haut de la tour et Bernard scrute la zone en recherche d’un bon endroit pour mouiller. Ce sera sans doute pour une prochaine sortie… Ce site est très calme et bien protégé des vagues venant du large et des courants du chenal. Nous n’y venons pas souvent et le privilégions pour des sorties peu exposées, type handi ou enfant. Le fond est peu profond, les risques y sont donc assez limités.
Poursuite du périple et arrivée dans l’anse des Courtis. Cette fois, les roches protectrices sont ouvertes vers le large. Le chenal entre les îlots est bien visible et le courant assez marqué. Nous ne
nous y risquons pas et préférons positionner le Calypso III en limite des affleurements rocheux. L’ancre est posée sur les tôles de l’épave du Hilda, ce qui nous permet de ne pas déraper ou de nous rapprocher trop dangereusement de la caillasse. Le vent est stabilisé, la mer reste calme, le soleil est bien placé, le DP nous donne l’autorisation de nous préparer et de sauter à l’eau. Tranquillement, chacun s’équipe et contrôle son matériel. La mise à l’eau est fraîche, comme il se doit ! Mais heureuse surprise, la température n’est pas si désagréable que cela. L’ordinateur affiche entre 13 et 14 °c, ce qui est pas mal pour ce début de saison. La visibilité n’est pas trop mauvaise non plus. On y voit entre 2 et 3 mètres, dans une eau verdâtre, un peu chargée de particules. La encore, nous avons vu pire et sommes plutot satisfait de ces conditions de mer pour une reprise.
Le mouillage est parfait puisque l’ancre est posée sur le Hilda. Nous pouvons donc faire le tour de l’épave sans difficulté. La chaudière, où a été fixée une plaque commémorative est bien visible, les amas de toles et de tuyaux concrétionnés rappellent les douloureux souvenir du naufrage et des morts qui en ont suivi. Coté faune, nous tombons sur des homards, dont un gros caché dans son trou, des araignées, des dormeurs, des étrilles et une petite galaté. Une belle raie torpille est posée au sol la tête coincée contre une pierre. Quelques roussettes se laissent approcher ou filent dans les roches en nous voyant arriver. Anémones et marguerites blanches et jaunes sont aussi de sympathiques visions que nous prenons plaisir à redécouvrir. Quelques petites vieilles et une petite coquette se cachent sous les éboulis de roche.
De retour au bateau après une quarantaine de minute sous l’eau, nous profitons du soleil pour nous réchauffer. Le vent est monté, la mer aussi. Il est temps de revenir vers la cote. La marée étant encore trop basse pour nous permettre de passer le seuil du port, notre pilote nous fait la surprise d’organiser une escale à Cézembre. L’annexe assure le transfert des passagers jusqu’à la plage, ou nous débarquons à coté d’un drôle d’engin. Il s’agit d’un beau bateau type yath de luxe équipé de chenillettes rétractables qui lui permet de beacher sur la plage en toute tranquillité. L’iguane tel est son nom commercial est une belle bête qui coûte son pesant de cacahuètes, mais qui fait son effet.
Durant l’hiver, les services de déminage de la marine ont oeuvrés sur l’île pour aménager un circuit pédestre permettant de faire une bonne partie du tour de l’ilot en toute sécurité. Le chemin est balisé et protégé par des barbelés. Ca nous rappel la belle époque de l’occupation allemande. Les goélands sont en pleine nidification et on pondu un peu partout, y compris et surtout sur le chemin piétonnier. Ils n’apprécient pas trop nos passages à seulement quelques centimètres de leurs œufs. Ceux-ci sont couleur camouflage kaki et marron. Sans y faire attention nous aurions vite fait de marcher dessus. Nous restons donc attentifs et curieux. Le tour de l’île est assez rapide, aussi nous en profitons pour découvrir les abris militaires allemands, les anciens canons, qui pour certains pouvaient atteindre une cible à plus de 8 Km, le restaurant de plage…
Après cette balade découverte improvisée, nous reprenons le chemin de Saint Malo et débarquons dans la bonne humeur nos affaires. La montée du ponton reste la dernière épreuve pénible de la journée avec une pente de prêt de 30°. Avec un équipement pesant plus de 25 Kg, on le sent bien passer. Mais bon, nous y arrivons quand même. Il faudrait installer un petit palant électrique en haut des pontons qui permettraient de tracter les caisses de matériels sans nous fatiguer. Avis au inventeurs du concours l’Épine…
Voilà une bien belle journée de passée en bonne compagnie. A renouveler au plus vite. Je fait confiance aux photographes du jour pour agrémenter ce souvenir des images qu’ils ont pris.